Une brêve histoire de la spéléologie

Il y a plus de 400 000 ans, grâce à l'utilisation du feu, l'homme s'est aventuré dans les cavernes, comme dans notre région à la Caune de l'Arago à Tautavel (Pyrénées Orientales, France). Mais c'est au cours des dernières périodes glaciaires du quaternaire que l'utilisation des grottes s'est intensifiée (sépultures, cultes, art...)
C'est ainsi que la plus ancienne trace humaine souterraine actuellement attestée date de 47 600 ans dans la Grotte de Bruniquel (Aveyron, France). Les extraordinaires peintures d'Altamira (Espagne), Niaux, Lascaux, Chauvet (France), Juxtlahuaca (Mexique) ou San Miguel (Guatemala) montrent l'importance du milieu hypogée pour les hommes antiques.

Aux temps anciens, le monde souterrain est réservé aux dieux et inspire plutôt de la crainte. Ce n'est qu'en période de guerre ou d'invasion qu'on se réfugie dans les cavernes.

Si les hommes, qu'ils soient Chinois, Européens ou Mayas avaient déjà exploré certaines cavités, c'est en Autriche que les véritables explorations souterraines débutent, vers la fin du XVI° siècle. Les vrais précurseurs de notre discipline complète (exploration, description, études) sont au XIX° siècle Ludwig Schönleben, le mathématicien Nagel, Lindner, Marinitsch, Kraus et en particulier Adolf Schmidl qui élève l'exploration souterraine au rang de véritable science pluridisciplinaire axée sur la géographie et l'hydrologie.
En 1890, le préhistorien Emile Rivière crée le mot « spéléologie », le définissant comme la science (logos) des cavernes (spêlaion).

Edouard Alfred Martel (1859-1938) est considéré comme le fondateur de la spéléologie moderne. À partir de 1888 et jusqu'à 1913, il se consacre à l'exploration du monde souterrain, à l'organisation et à la vulgarisation de la spéléologie et publie des centaines d'articles et d'ouvrages qui révèlent au grand public les merveilles et l'intérêt des cavernes.

Après la première guerre mondiale, la spéléologie est dominée par trois personnalités.

Avec les congés payés, la réduction du temps de travail, la généralisation de l'automobile, l'apparition de nouveaux matériaux, les années 50 et 60 voient la spéléologie prendre un essor considérable. Pierre Chevalier (1905-2001) en est un des symboles les plus dynamiques. Il impose des changements techniques, l'esprit d'équipe et conduit des explorations remarquables. De nombreux clubs se créent et attire des jeunes en mal d'aventure. La spéléologie prend une dimension sportive et les découvertes se multiplient.

Les records de profondeur se succèdent avec comme point d'orgue les -1122 m du Gouffre Berger (Isère, France) en 1956. La spéléologie française domine alors la scène internationale, mais d'autres nations sont elles aussi très actives comme la Grande-Bretagne, Italie, l'Australie, les États-Unis et vont s'illustrer dans les expéditions lointaines et les explorations de réseaux noyés.

À la fin des années 60, le perfectionnement du matériel et des techniques permet la progression sur corde unique. Des équipes peu nombreuses, légères et autonomes peuvent explorer des cavités très profondes en peu de temps. La liste des -1000 explose à partir des années 80 pour arriver à 70 cavités en 2001. Parallèlement à cette dynamique, la plongée souterraine atteinte elle aussi des résultats exceptionnels, à la limite des possibilités humaines, et les expéditions dans les grands massifs montagneux européens ou dans les immenses karsts tropicaux apportent de formidables découvertes comme l'exploration du gouffre Muruk en Nouvelle-Guinée, en 1995, premier -1000 de l'hémisphère sud.

La spéléologie n'est plus dominée aujourd'hui par des figures emblématiques comme Martel ou Casteret mais est animée par des centaines d'explorateurs dynamiques et passionnés qui arrivent à des résultats beaucoup plus importants, précis et détaillés mais qui ont gardé le même respect et la même admiration de la Nature que leur précurseurs.

À l'aube du troisième millénaire, la spéléologie a de beaux jours devant elle, c'est l'un des derniers domaines naturels ou de grandes découvertes peuvent encore être régulièrement effectuées, à quelques pas des grandes agglomérations et par des amateurs ne pratiquant que le week-end et pendant les vacances, le tout dans une démarche radicalement opposée au sport spectacle / compétition. Bref, une activité qui reste pour le moment très marginale mais qui pourrait, un jour prochain, attirer de nombreuses personnes en quête d'authenticité et de simplicité.

Pour obtenir des renseignements plus complets, on consultera avec intérêt les sites suivants : Fédération française de Spéléo et Jura Spéléo.